Justice pour Joyce Echaquan
L’R des centres de femmes du Québec a fait parvenir une lettre au premier ministre, au ministre de la Santé et des Services sociaux et à la direction du CISSS de Lanaudière afin de dénoncer le traitement inhumain réservé à madame Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette et de demander à ce que les personnes responsables de sa mort soient arrêtées et subissent un procès.
« Joyce Echaquan est décédée parce qu’elle est une femme autochtone. Il n’y a aucun doute sur cette question puisque, quelques heures avant sa mort, nous pouvions entendre les propos racistes des infirmières soignantes dans la vidéo enregistrée par madame Echaquan elle-même » décrit madame Diane Messier, présidente de L’R. À la veille du premier anniversaire du rapport de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (CERP), la négligence criminelle ayant mené à la mort de madame Echaquan démontre une fois de trop que le racisme systémique est encore bien présent dans nos institutions.
Dans la lettre – qu’il invite ses membres et allié·e·s à s’approprier et à envoyer aux principaux concernés – L’R demande au premier ministre de faire cesser immédiatement les violences perpétrées par les employé·e·s de l’État à l’égard des femmes autochtones et des personnes racisées. L’organisme apporte également son appui aux demandes faites par la famille de Joyce, par la communauté de Manawan et par Femmes Autochtones du Québec.
« Nous exigeons du gouvernement qu’il applique immédiatement les mesures demandées par les personnes concernées […]. Il faut que cette situation serve d’exemple pour l’entièreté du personnel soignant et des employé·e·s de l’État. Nous saluons le congédiement d’une infirmière ayant causé la mort de Joyce et l’ouverture d’une enquête du CISSS et du coroner, mais il ne peut y avoir deux systèmes de justice, les meurtriers sont des meurtriers. Ainsi, nous voulons que les infirmières et le personnel de l’hôpital de Joliette responsables de la mort de madame Echaquan soient arrêtés et subissent un procès » conclut la lettre signée par le comité exécutif du plus grand regroupement féministe d’action communautaire autonome du Québec.
Voici cette lettre.
Montréal, le 29 septembre 2020
À L’honorable François Legault,
Nous vous interpellons aujourd’hui, car la mort de Joyce Echaquan causée par la négligence criminelle des infirmières de l’hôpital de Joliette démontre, encore une fois, l’ampleur des injustices sociales dans nos institutions. Ces meurtres sont inacceptables et il y a urgence d’agir. En effet, madame Echaquan est décédée seule attachée à un lit d’hôpital alors que le personnel soignant a fait preuve de négligence criminelle causée par le racisme systémique présent dans les services publics.
À la veille du premier anniversaire du rapport de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (CERP), le Gouvernement du Québec ne peut plus ignorer* les injustices vécues par les personnes racisées dans nos institutions. Joyce Echaquan est décédée parce qu’elle est une femme autochtone. Il n’y a aucun doute sur cette question puisque, quelques heures avant sa mort, nous pouvions entendre les propos racistes des infirmières soignantes dans la vidéo enregistrée par madame Echaquan.
Beaucoup de questions restent en suspens. Il est aberrant que, tout comme les meurtres des personnes noires par les services de police, les meurtres des femmes autochtones doivent être filmés pour que l’on y accorde de l’importance. Combien d’entre elles meurent en silence sans que réelle justice ne soit rendue? Non seulement le racisme systémique dans nos institutions tue, mais il rend également l’accès à une justice impossible pour les personnes marginalisées. Rendre justice à Joyce, c’est d’abord et avant tout s’assurer que le personnel responsable soit poursuivi à la hauteur du crime commis. Mais c’est aussi s’assurer du caractère indépendant et non biaisé de l’enquête qui sera menée, reconnaître l’existence des violences institutionnelles, revoir les mécanismes et les pratiques de nos institutions qui permettent à ces violences de se perpétrer et s’assurer que toutes les autres femmes autochtones et racisées victimes de ces mêmes abus aient un accès équitable et sécuritaire au système de justice. Il est impératif que nous rendions réellement justice aux communautés autochtones telles que formulé, entre autres, dans les «appels à la justice» de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
Demandes
Monsieur le Premier Ministre, il est temps de prendre vos responsabilités et d’arrêter ces violences faites par les employé-e-s de l’État. La Charte des droits et libertés de la personne nous informe que « Tout être humain a droit à la vie, ainsi qu’à la sûreté, à l’intégrité et à la liberté de sa personne. Il possède également la personnalité juridique ». Vous vous devez de respecter ces bases de notre société.
En ce sens, nous appuyons les demandes faites par la famille de Joyce, par la communauté de Manawan et par Femmes Autochtones du Québec (FAQ). Nous exigeons qu’une reconnaissance du racisme systémique soit faite par le Gouvernement et qu’il applique immédiatement les mesures demandées par les personnes concernées. Nous exigeons également justice pour Joyce Echaquan. Il faut que cette situation serve d’exemple pour l’entièreté du personnel soignant et des employé-e-s de l’État. Nous saluons le congédiement d’une infirmière ayant causé la mort de Joyce et l’ouverture d’une enquête du CISSS et du coroner, mais il ne peut y avoir deux systèmes de justice, les meurtriers sont des meurtriers. Ainsi, nous voulons que les infirmières et le personnel de l’hôpital de Joliette responsables de la mort de madame Echaquan soient arrêtés et qu’elles subissent un procès.
Le conseil exécutif de L’R des centres de femmes du Québec,
Diane Messier, présidente et représentante de Lanaudière
Geneviève Legault, vice-présidente
Vous comprendrez que Centr’Elles, comité d’action des femmes d’Avignon appui ardemment ces revendications. D’autant plus que notre MRC est composée de deux communautés autochtones avec lesquelles nous tentons de solidifier nos liens au quotidien. Nos sœurs autochtones, tout comme tout autres communautés culturelles, ont le droit de vivre dans une société juste et égalitaire, empreinte de solidarité, de paix et de liberté.